Joseph Wölfl. The Symphonies
"Le Monde de la Musique" № 313
Natif de Salzbourg, élève de Michael Haydn, Joseph Wôlfl se fit connaitre comme virtuose du piano. Il se produisit pour la première fois en public en 1792 à Varsovie, séjourna ensuite à Vienne, où il composa en 17951'0- péra Der Hôllenberq (La Montagne infernale). Sur un livret de Schikaneder, et se mesura au piano avec Beethoven. En 1798, année de parution de ses Trios op. 5, dédiés à Joseph Haydn, et de ses Sonates op. 6, dédiées à Beethoven, il entreprit une tournée européenne. Il séjourna à Paris, où il entra au service de l'impératrice Joséphine, puis à partir de 1805 à Londres, qu'il ne devait plus quitter.
Plusieurs de ses sonates et trios ont été enregistrés au piano moderne ou au piano-forte, en particulier par Laure Colladant, mais c'est en première mondiale que paraissent sur ce CD ses deux symphonies (une troisième n'a subsisté qu'en réduction pour piano). Elles sont respectivement en sol mineur et en ut majeur, la concordance entre leur numérotation d'opus et leurs tonalités avec celles des deux dernières symphonies de Mozart n'étant qu'un hasard. La première parut en 1803 avec une dédicace à Cherubini, ce qui indique une origine parisienne, et la seconde avant mars 1808 avec une dédicace à Johann Peter Salomon, ce qui indique une origine londonienne.
En quatre mouvements, destinées à un grand orchestre, elles comptent parmi 1 es plus réussies de l'époque. Leurs sonorités évoquent plutôt Beethoven, mais elles s'inspirent assez nettement des Londoniennes de Haydn. L'« Allegro» initial de la Symphonie en ut est par exemple à 3/4, démarche souvent adoptée par le musicien d'Eszterhâza dans cette tonalité, Mozart préférant quant à lui un rythme de marche à 4/4. L'irruption soudaine des trompettes et timbales dans 1'« Andante con moto» de la Symphonie en sol mineur est un trait typique du Haydn de Londres. D'un bout à l'autre, ces œuvres brillent par leur maitrise et leur originalité: il faut absolument les connaitre.
Fondé en 2003, l'orchestre Pratum Integrum est le seul ensemble russe entièrement composé d'instruments d'époque. On a pu récemment l'admirer dans des œuvres d'Antonio Rosetti, et il propose de nouveau aujourd'hui des interprétations de haut vol. Egalement en quatre mouvements, le Grand duo en ré mineur pour piano et violoncelle est un beau complément de programme.
MARC VIGNAL
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